« Soigne et tais-toi », le coup de colère des infirmières
Chose rare, le mouvement de grogne réunit 18 organisations syndicales et associations dont les infirmières libérales et celles du secteur public… Suicides, dépression, manques d’effectifs à l’hôpital, surcharge de travail, insécurité, rémunération insuffisante… En libéral ou dans le public, les revendications ne sont pas tout à fait les mêmes mais se rejoignent dans la thématique de l’épuisement et du ras le bol… Les infirmières se considèrent aujourd’hui comme les premières victimes des économies drastiques demandées aux hôpitaux depuis quelques années. Pour preuve, le suicide de cinq infirmiers cet été. Une manifestation est prévue ce mardi matin à 10h. Départ Montparnasse, direction le ministère de la santé ou une délégation espère être reçue.
Reportage de Véronique Julia :
Une pétition est en ligne #soignettaistoi pour soutenir cette mobilisation :
Nadège, la quarantaine, 15 ans de métier à l’hôpital public, fait ce constat très fort : « Les effectifs sont de plus en plus réduits, la difficulté de plus en plus grande même pour trouver des lits pour les patients. Ces 5 dernières années, j’ai constaté une vraie différence avec les conditions de travail que j’avais en début de carrière ».
Dès le début, Nadège a choisi d’être infirmière de nuit pour passer plus de temps avec les malades qui souvent la nuit ont des angoisses mais avec sa charge de travail, elle n’arrive pas à les accompagner comme elle le voudrait. « C’est ce qu’il y a de frustrant. On n’a pas l’impression de faire de la qualité. On nous demande de faire de la quantité. On n’a plus le temps d’accompagner correctement des fins de vie. Parfois les gens meurent seuls parce qu’ils n’ont plus d’entourage et qu’on ne peut pas toujours être là pour faire un accompagnement digne de ce nom. »
Faute d’effectif, Nadège n’a plus le temps non plus de partir en formation et pas le temps de former les étudiants stagiaires : « on ne les accueille pas toujours avec le sourire parce que l’on sait que c’est une charge de travail supplémentaire. »
Nadège pense qu’on les forme moins bien qu’il y a quelques années faute de temps. Cette infirmière accumule aussi les jours de récupérations impossibles à prendre en raison de plannings surchargés. Ce mardi, elle sera en grève, un effort financier pour elle qui ne gagne que 2000 euros par mois avec sa prime de nuit.
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