Les infirmiers veulent un changement de paradigme

Par Frédéric Haroche

 
Différentes conclusions sont tirées de cette large enquête et notamment la conviction que « le cadre réglementaire des professionnels est une nécessité» face à l’enjeu de la désertification médicale.
 
« Du fait de la démographie médicale, les infirmiers sont contraints de prendre des initiatives de manière rapide pour la bonne prise en charge du patient et bien souvent, la situation est « légalisée » avec l’élaboration d’une prescription du médecin a posteriori » rapporte par exemple l’ONI.
 
Dans ce contexte, pour les infirmiers interrogés, il est temps de régulariser ces situations en développant une véritable consultation infirmière et en élargissant leur droit (aujourd’hui très restreint) de prescription.

Pour une vraie consultation infirmière

Concernant le colloque singulier infirmier, 94 % des participants à cette étude soutiennent l’idée « d’instituer une consultation infirmière dédiée aux patients chroniques » qui se consacrerait aux questions d’observance, de prévention et de dépistage des complications.
 
De même, 92 % des infirmiers appellent à création, dans le cadre du maintien à domicile, d’une consultation infirmière d’évaluation et de coordination du parcours. L’institution d’une consultation infirmière d’évaluation à la sortie de l’hôpital ou après une chirurgie ambulatoire est également plébiscitée par 85 % de la profession. Dans le cadre des maisons de santé pluridisciplinaires et des CPTS, 69 % des infirmiers suggèrent par ailleurs de mettre en place une consultation infirmière de première ligne « au cours de laquelle l’infirmier prendrait en charge les affections bénignes et orienterait directement, si besoin, le patient vers le médecin généraliste ou spécialiste ».

Il faut étoffer les ordonnances infirmières !

Concernant la prescription, un des participants aux discussions qui se sont déroulées le 21 mars dernier dans la région Centre-Val de Loire souligne : « ce ne serait qu’une plus-value pour les patients d’élargir le champ de prescription des infirmiers. Ne serait-ce qu’au niveau des antiseptiques ou du matériel. Par exemple, au niveau des diabétiques, on peut prescrire tout ce qui est consommable mais pas le lecteur de glycémie. Ce qui est une difficulté quand on est à domicile. Autre exemple, attendre une prescription pour donner un Doliprane®, c’est compliqué ».
 
Neuf infirmiers sur dix soutiennent ainsi l’idée de leur permettre de prescrire l’ensemble du matériel nécessaire à l’autonomie : lits médicalisés, dispositifs anti-escarres, aides à la déambulation ainsi que les soins pour la prise en charge des plaies aiguës.
 
Plus de 80 % des infirmiers s’estiment en outre compétents pour prescrire des actes biologiques (I.N.R., Hg Glyquée, etc.) pour les patients chroniques, 62 % pour prescrire des antalgiques en soins palliatifs et 58 % pour renouveler et adapter les traitements des patients souffrant de pathologies chroniques prises en charge et suivies.
 
Par ailleurs, on notera également que 87  % des infirmiers souhaitent une extension de leurs compétences en matière de vaccination.
 
Enfin sur le plan plus « conceptuel » 96 % des infirmiers souhaitent que soit modifié le code de la santé publique pour ne plus qualifier l’infirmier d’auxiliaire médical.
 

Reste à savoir comment de telles mesures seraient appréciées chez les médecins généralistes et surtout si les autorités sanitaires parviendraient à dépasser les stéréotypes qui veulent que la profession infirmière soit subordonnée au corps médical.

 

JIM

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novembre 23, 2019

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