Comment Parcoursup a profondément modifié le recrutement en IFSI
Par Léa Crébat
Un métier solide et utile
Quelle que soit leur appréciation de cette mesure, l’ensemble des observateurs partageaient la même préoccupation concernant la diminution constante ces dernières années du nombre de candidats à l’entrée en IFSI. Alors que beaucoup redoutaient que la mise en avant régulière de la dureté des conditions de travail des infirmiers, dans le cadre de la crise hospitalière, accentue encore la désaffection des candidats et l’épuisement des vocations, nul n’avait prévu que l’intégration de la filière dans le système Parcoursup conduirait à une explosion des inscriptions. Lors du lancement de ParcourSup l’année dernière, la formation infirmière a en effet été le champion des vœux des futurs bacheliers. Au total 100 000 lycéens ont tenté leur chance, tandis que les IFSI ont enregistré plus de 500 000 vœux. Si ce succès a surpris les responsables des instituts, il est facilement explicable. Les jeunes sont séduits par un métier dont la formation est relativement courte, offrant le sentiment d’être utile aux autres et à la société, tandis qu’ils ont également avec cette voie la certitude de trouver un emploi.
Ouverte à tous mais sélective
Les responsables de Parcoursup et des IFSI s’attendent en 2020 à un afflux comparable. Aussi, désormais n’est-il plus possible que de former cinq vœux en IFSI, quand l’année dernière, les étudiants pouvaient consacrer leurs dix vœux et autant de « sous-vœux » à ces structures. « Nous nous étions dit que cela permettrait de mailler le territoire, mais ça a créé un nombre incalculable de demandes », détaille Florence Girard, présidente de l’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales (ANDEP), citée par Le Monde. Limiter l’afflux d’inscriptions était nécessaire pour restreindre la charge de travail engendrée pour les IFSI par ces multiples candidatures. De fait, avec ce nombre de candidats en forte hausse (entre 40 000 et 50 000 personnes se présentaient auparavant aux concours) le taux de sélection a lui aussi progressé. Les critères utilisés sont rigoureux et s’appliquent grâce à la consultation des notes, des appréciations des professeurs, et des dossiers remplis par les lycéens. « Nous notons ces éléments grâce à une grille établie en fonction des cinq attendus nationaux » précise Martine Sommelette, présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres. A cet égard, la directrice des instituts de formation du CHU Saint-Etienne et de l’hôpital du Gier, interrogée par France 3 met en garde : « L’an dernier, pour la première expérience qu’on a eue, on s’est aperçus que, parfois, certains dossiers étaient incomplets. Comme si Parcoursup avait donné l’illusion qu’on était inscrits, on allait rentrer. Non. On est une formation sélective. On a un nombre de places limité et un nombre de candidats assez important. Donc il faut vraiment attacher de l’importance à remplir son dossier de la manière la plus complète possible, de la manière la plus authentique possible, il ne s’agit pas de faire un copié-collé d’une lettre sur internet puisque bien évidement on va avoir 4-5 candidats qui vont l’avoir fait donc on va vite les repérer ».
Des candidats plus jeunes
Nouvelle encourageante, l’attractivité de la filière pose cependant quelques questions. La nouvelle organisation de la formation conduira-t-elle à des demandes de mutation plus fréquentes ? Faut-il s’attendre à des erreurs d’orientation plus importantes qu’auparavant ? S’il est difficile de répondre pour l’heure à ces questions, il est en tout cas certain que le profil des candidats a quelque peu évolué. Si le dispositif n’a pas conduit à une surreprésentation des bacheliers généraux à laquelle certains s’attendaient, il a par contre rajeuni les effectifs qui ont désormais 19,5 ans quand ils intègrent les IFSI contre 22 ans auparavant, puisque l’entrée ne se faisait pas aussi souvent qu’aujourd’hui au lendemain du baccalauréat.
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