80 patients, pas de groupe contrôle : ce qu’il faut retenir de la nouvelle étude du Pr Didier Raoult

Par Sophie Bécherel

Le microbiologiste marseillais, qui avait testé l’hydroxychloroquine sur une vingtaine de patients dans un premier temps, a publié vendredi de nouveaux résultats qui confirmeraient l’efficacité du médicament. Mais certains professionnels de santé appellent toujours à la prudence.

Alors que la chloroquine et son dérivé, l’hydroxychloroquine, déchaînent les passions, l’infectiologue marseillais Didier Raoult a publié ce vendredi les résultats d’une nouvelle étude.Celle-ci, qui n’a pas fait l’objet d’une relecture par les pairs et dont on ne sait pas à quelle revue scientifique l’équipe de Marseille compte la proposer, a inclus 80 patients, dont 6 étaient déjà dans le premier groupe testé.

Sur ces 80 patients dont la moyenne d’âge est de 52 ans (le plus âgé a 88 ans), 54% présentaient les premiers symptômes du Covid-19 : mal de gorge, nez qui coule, toux. 41% étaient plus atteints, souffrant de bronchites ou pneumonies, autrement dit d’atteintes respiratoires des voies inférieures. Tous ont reçu pendant trois jours minimum, mais jusqu’à 10 jours, du Plaquenil (la fameuse hydroxychloroquine) associé à un antibiotique, l’azithromycine.

Pas de groupe contrôle

Comme la première, cette nouvelle étude comporte des limites : il n’y a pas de groupe contrôle, c’est à dire de personnes qui, en parallèle, n’auraient pris qu’un placebo ou rien du tout. Cette comparaison permet pourtant d’objectiver le résultat d’un essai clinique. En son absence, on ne peut pas savoir si  les personnes malades n’auraient pas pu guérir spontanément. C’est important avec le coronavirus dont on sait que 80% des personnes infectées en guériront spontanément.

Conclusion de ce nouvel essai : huit jours après le début du traitement, la charge virale était négative chez 93% des malades. Un succès pour l’équipe du professeur Raoult, pour qui l’urgence actuelle est de soigner et surtout d’éviter que les patients avec pneumonie évoluent vers une situation plus grave. Ainsi écrit-il dans l’article : 

« L’objectif thérapeutique primaire est de traiter les personnes qui ont une forme modérée ou sévère de l’infection assez tôt afin d’éviter une évolution irréversible. »

Le médecin-chercheur estime donc que faire diminuer la quantité de virus dans l’organisme est essentiel. Et en ce sens, avec les 80 personnes reçues dans son Institut, il ne fournit certes pas une étude scientifique, mais il affirme qu’il fait mieux qu’avec les autres traitements testés. Sur BFM Tv, le Dr Djilali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré, a expliqué ce samedi donner du Plaquenil à ses patients en réanimation. S’il n’est pas possible d’affirmer que c’est uniquement grâce à cette molécule, il a précisé qu’il parvenait à sauver des vies chez les patients admis. 

Dans l’étude menée à l’IHU Méditerranée Infection, trois patients inclus dans l’essai sont actuellement en soins intensifs tandis qu’un autre est décédé. Ces patients représentent 5% du groupe. À leur arrivée, toutefois, aucun n’avait été admis dans un état tel qu’il nécessitait une mise sous respirateurs. Or c’est pourtant aux patients en état grave que les autorités ont accepté de réserver l’hydroxychloroquine.

 

FranceInter

 

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mars 30, 2020

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