L’obligation vaccinale des professionnels de santé par le BCG (enfin) levée !
Par Aurélie Haroche
La France demeure aujourd’hui le seul pays riche connaissant une faible incidence de la tuberculose à maintenir une obligation de vaccination par le BCG pour les professionnels de santé. Tous les autres états comparables ont abandonné la contrainte, même pour les soignants « en contact avec des personnes vulnérables à la tuberculose et les exposant potentiellement à une contamination ». On retrouve cependant une recommandation de vaccination vers les professionnels les plus exposés dans plusieurs pays (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Irlande, Danemark, Norvège, Slovaquie).
Un vaccin loin d’être parfaitement efficace
L’absence d’obligation concernant le BCG, alors que différentes vaccinations sont imposées aux professionnels de santé, s’explique notamment par une efficacité modérée du vaccin. Les études réalisées « montrent un degré très variable de protection contre les différentes formes de tuberculose » rappelait en 2010 un avis du Haut conseil de la santé publique (HCSP). Par ailleurs, les experts ont souvent insisté sur le fait que « la vaccination par le BCG comporte (…) l’inconvénient de positiver l’IDR rendant la surveillance plus difficile », même si cette « difficulté peut être contournée par l’utilisation de tests Interféron pour la surveillance des personnes vaccinées ». Enfin, l’existence de mesures barrières efficaces peut limiter la nécessité du vaccin.
Une décision délicate dans un contexte défavorable
Aussi, dès 2010, le HCSP recommandait aux autorités de lever l’obligation vaccinale par le BCG des professionnels de santé. Cependant, les pouvoirs publics ont toujours repoussé l’adoption de cette décision, en raison du contexte notamment de défiance vis-à-vis de la vaccination. La suspension d’une obligation peut en effet être lue par certains comme un aveu déguisé de la dangerosité de la vaccination et rejaillir sur les autres immunisations. Par ailleurs, alors que les professionnels de santé ne respectent pas toujours scrupuleusement les recommandations vaccinales qui les concernent (l’exemple de la grippe est à cet égard édifiant), la levée de l’obligation peut susciter des réserves. Enfin, l’épidémiologie de la tuberculose en France est marquée localement par des augmentations.
Une levée d’interdiction globale
Il semble que le gouvernement ait cependant décidé de trancher dans le sens d’une plus grande cohérence scientifique. Si l’obligation vaccinale s’impose quand l’efficacité des vaccins est avérée, elle peut plus difficilement être maintenue quand l’efficacité est plus restreinte, d’autant plus face à des pathologies dont l’incidence est faible (même si elle est loin d’être nulle). Aussi, un décret suspend à partir du 1er avril l’obligation professionnelle de vaccination antituberculeuse. Sont notamment concernés outre les médecins, pharmaciens, infirmiers et sages-femmes, tous les étudiants se destinant à ces métiers, ainsi que différentes professions à caractère sanitaire et social. Les personnes exerçant une activité dans les établissements d’accueil des enfants de moins de six ans et les personnels de tous types d’établissements sanitaires sont également visés par cette levée d’interdiction (bien que les prisons soient particulièrement exposées au risque de tuberculose). Le test tuberculinique lors de la prise de poste est cependant maintenu.
Recommandation maintenue pour les sujets les plus à risque
Le décret insiste en outre sur le fait que cette levée d’interdiction doit s’accompagner d’un renforcement de la prévention. Par ailleurs, la vaccination reste recommandée aux professionnels les plus exposés (c’est-à-dire ceux en contact avec des personnes atteintes de tuberculose ou travaillant sur les mycobactéries). Des travaux américains ont en effet mis en évidence que chez les soignants les plus à risque, la vaccination BCG en primo-vaccination « paraît une stratégie plus efficace que le test tuberculinique régulier » rappelait le HCSP dans son avis publié en 2010.
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